De nouvelles informations indiquent que John Wilkes Booth a été “attrapé” à cause d’une erreur toute bête

Le 14 avril 1865 a marqué un tournant dans l’histoire américaine. Alors que la guerre de Sécession sanglante touchait à sa fin et que la victoire de l’Union semblait quasi assurée, un groupe de Confédérés mené par John Wilkes Booth a tenté le tout pour le tout en assassinant le président Abraham Lincoln de sang froid, donnant lieu à l'une des plus longues chasses à l’homme de l’histoire. L’acteur/assassin n'était toutefois pas destiné à s'en sortir indemne suite à une cavale sans relâche de 13 jours.

Le plan initial

Ça pourrait vous surprendre, mais le plan initial de J. Booth n’était pas de tuer A. Lincoln, mais plutôt de kidnapper le président afin d'organiser un échange et ainsi récupérer des prisonniers de guerre de la Confédération. L’acteur a toutefois conclu que des mesures plus drastiques s’imposaient suite à la reddition du général Robert E. Lee au palais de justice d’Appomattox et la chute de Richmond.

Des cibles de taille

Au départ, J. Booth et ses complices prévoyaient de tuer A. Lincoln, ainsi que le vice-président Andrew Johnson et le secrétaire d’État William Seward, tout cela en vue de venger le Sud et de semer la zizanie au sein de l’Union. Après avoir eu vent de l'échec des tentatives d'assassinat sur A. Johnson et W. Seward, J. Booth a toutefois réalisé qu’il n'avait plus qu'une chance de concrétiser son plan "héroïque".

Tué en un instant

À 22h14, J. Booth s’est glissé dans la loge du président au théâtre Ford et a tiré sur A. Lincoln qui a reçu une balle de Deringer de calibre .41 à l’arrière de la tête. En plein chaos, J. Booth a bondi sur la scène en s'écriant : "Sic semper tyrannis", citation attribuée à Brutus lors de l’assassinat de César qui signifie "Toujours ainsi pour les tyrans".

La fuite

J. Booth s'est précipité hors du théâtre avant de monter sur un cheval qu'un complice lui avait amené. Il s'est alors empressé de rejoindre le Navy Yard Bridge afin de quitter Washington et de rejoindre le Maryland. Il a ensuite retrouvé David Herold, un autre membre de son groupe, et les deux compères ont rejoint un dépôt secret à la Surratt's Tavern pour se réapprovisionner à Surrattsville. Le but était de trouver refuge en Virginie, mais J. Booth s'est soudainement trouvé mal.

L'appel au médecin

L’assassin s’était apparemment cassé la jambe en sautant de la loge d'A. Lincoln, ce qui l'empêchait de parcourir de grandes distances et ralentissait son évasion et celle de D. Herold. Les deux hommes ont donc sollicité l’aide du Dr. Samuel Mudd, un médecin sensible à la cause de la Confédération, qui a soigné la jambe de J. Booth et lui a permis de se reposer quelques heures.

C'est reparti

Les fugitifs ont ensuite repris la route et se sont perdus près du marais Zekiah Swamp avant qu'un fermier local ne les guide vers Rich Hill, la maison d’un autre allié, Samuel Cox. Ce dernier était toutefois loin d'être ravi en voyant les deux hommes arriver sales et épuisés vers une heure du matin.

Dans le bosquet

S. Cox était sensible à la cause des Sudistes, mais savait également qu’il était dangereux d'assister J. Booth et D. Herold. Il a donc refusé de les accueillir chez lui, invitant plutôt les deux hommes à se cacher dans un bosquet de pins à la périphérie de sa propriété. À ce stade, environ 1 000 soldats de l’Union étaient à la recherche de J. Booth et de ses compagnons, offrant une récompense de 100 000 $, soit 1,5 million de dollars aujourd’hui, pour leur capture.

Loin d'être un héros

Thomas Jones, un ami de S. Cox, leur apportait des aliments, des boissons et, parfois, des journaux. J. Booth, qui s’attendait à être reconnu comme un héros et un défenseur de la Confédération, est alors tombé sous le choc en constatant qu'il était dépeint comme un vaurien et un lâche dans tous les journaux qu’il lisait, y compris ceux du Sud.

Le désespoir de J. Booth

"Je suis désespéré", a-t-il écrit dans son journal. "Et pourquoi ? Parce que j'ai fait la même chose que Brutus, dont le geste a été loué, ou que [William] Tell, devenu un héros. Quant à moi, je suis considéré comme un simple assassin, alors que j'ai tué un homme encore plus tyrannique".

À pied

J. Booth et D. Herold étaient déjà terrés dans les fourrés depuis quatre jours lorsque S. Jones leur a annoncé le 20 août que les soldats de l’Union qui fouillaient la région étaient partis. Les deux hommes ont alors rejoint le Potomac à pied, ayant tué leurs chevaux de peur qu'ils ne révèlent leur position.

Désorientés

En atteignant la rivière, S. Jones a placé les deux hommes sur un petit canot, mais désorientés par le brouillard épais de la rivière cette nuit-là, J. Booth et D. Herold se sont retrouvés à Nanjemoy Creek dans le Maryland au lieu de Machodoc Creek en Virginie, leur destination initiale.

Une deuxième tentative

Les deux hommes ont profité de ce détour accidentel pour récupérer des provisions dans une ferme voisine et ont décidé d’attendre la nuit suivante pour retraverser la rivière, peut-être en raison de la jambe de J. Booth ou des rumeurs sur des patrouilles de l’Union circulant à proximité. Le brouillard, qui avait posé problème la première fois, a fini par leur sauver la vie lors de cette deuxième tentative.

Une échappée belle

En effet, leur canot était à deux doigts de croiser la route d'un bateau canonnier de l’Union en patrouille alors que les deux hommes voguaient sur le Potomac ce soir du 22 avril. Heureusement, le brouillard leur a permis de passer inaperçu. La chance semblait enfin tourner, momentanement en tout cas.

À ses trousses

Les troupes de l’Union étaient aux trousses de l’assassin et de ses complices et avaient déjà encerclé la maison du Dr. Mudd et arrêté toutes les personnes présentes à la Surratt's Tavern. Ils savaient que J. Booth se dirigeait vers le sud, et les routes grouillaient donc déjà de soldats de l’Union lorsque lui et D. Herold ont rejoint les rives de la Virginie le lendemain matin.

Un lieu de repos

J. Booth et D. Herold étaient assistés par divers sympathisants, la Virginie étant loin d'être une garantie de sécurité totale. Certains accueillaient les deux hommes à bras ouverts, tandis que d’autres ne voulaient rien avoir à faire avec eux. Ils ont fini par atteindre la maison de Richard Garrett et l'ont convaincu qu’ils étaient des soldats et cherchaient un lieu où se reposer, J. Booth étant blessé à la jambe.

Méfiance

Pour la première fois en dix jours, J. Booth a donc pu dormir dans un vrai lit. Il a passé l’après-midi suivante à boire du whisky et à jouer avec les enfants de R. Garrett. Ce dernier et sa femme sont toutefois devenus méfiants et ont demandé à leurs invités de dormir dans la grange la soirée suivante, la toute dernière pour J. Booth.

Un destin scellé

J. Booth a été réveillé par le bruit des chevaux de cavalerie qui s’approchaient de la maison principale à 2h30 le matin du 26. Il a réveillé D. Herold, et les deux hommes ont foncé vers les portes de la grange avant de constater qu'elles étaient bloquées. En effet, leur destin avait déjà été scellé par R. Garrett qui avait enfermé les deux hommes à l’intérieur, de peur que ses invités ne s’enfuient avec ses chevaux.

L'ultime position de J. Booth

L'ordre était de ramener J. Booth vivant, et les troupes de l’Union l'ont donc invité à se rendre. Seul D. Herold a accepté. "Mon âme est trop grande pour mourir [coupable]", avait écrit J. Booth dans son journal. Au lieu de se rendre, il a donc proposé d'affronter le commandant de la troupe en échange de sa liberté.

Un destin tragique

L’officier a bien sûr refusé l’offre de J. Booth, préférant mettre le feu à la grange afin de forcer l’assassin à sortir. J. Booth s'est alors avancé vers les troupes de l’Union avant de recevoir une balle dans le cou tirée par un jeune soldat du nom de Boston Corbett. J. Booth est décédé peu de temps après, à 7h15.

"Inutile, inutile"

Juste avant de prendre son dernier souffle, J. Booth a demandé à l’un des soldats de lever les mains avant de regarder les siennes et de murmurer : "Inutile, inutile". J. Booth est réputé être l’assassin le plus notoire de l’histoire depuis. Une analyse plus poussée de la vie privée d'A. Lincoln laisse toutefois entendre que sa vie était loin d'être rose.

Un équilibre mental discutable

Par exemple, personne ne comprenait vraiment le comportement de Mary, la femme d'A. Lincoln. Elle souffrait malheureusement de dépression et de sautes d’humeur intenses, des épisodes qui ont poussé certains historiens à la qualifier de folle. Elle a même fini par être internée à la demande de son fils aîné, Robert.

Les causes potentielles

Les experts ont depuis déterminé une série de causes potentielles pour tenter d'expliquer l’état mental malheureux de Mary. Ils se sont par exemple penchés sur l'impact de ses symptômes physiques, qui incluaient une grande pâleur et des maux de tête intenses. Un homme pense toutefois avoir trouvé l'explication, et sa théorie a permis de définir un diagnostic unique à partir des divers maux de la première dame.

Des liens plus intimes

Curieusement, Mary n'imaginait pas épouser Abraham suite à leur rencontre. En effet, alors qu'ils se liaient d'amitié, la jeune femme native de Lexington trouvait le politicien peu impressionnant et le considérait comme un piètre danseur. Leur relation est toutefois passée de platonique à romantique en 1840. La sœur de Mary, Elizabeth, n’approuvait pas cette union, en raison des éducations différentes de Mary et Abraham.

Un comportement clivant

Mary ne faisait pas non plus l'unanimité à cause de son comportement qui ne semblait pas adaptée à la carrière politique prometteuse d’Abraham. Elle n'hésitait pas à s'exprimer et ne mâchait pas ses mots, alors que la retenue était de mise à l'époque. À la maison, Mary était toutefois parvenue à créer un environnement chaleureux pour ses enfants et son mari. Elle prenait toutefois également soin de prévoir des coins tranquilles où elle pouvait gérer les migraines et les épisodes dépressifs dont elle souffrait depuis le décès de sa mère.

Le destin

Les choses ont commencé à dégénérer pour Mary suite à une série de disparitions tragiques. Son père est mort à l’été 1849 après avoir contracté le choléra. En février de l’année suivante, elle et son mari ont également vu Edward succomber à la tuberculose. Mary croyait apparemment au destin et considérait la mort de son fils comme un signe tragique.

Une santé mentale sur le déclin

La santé mentale et physique de Mary a continué de décliner alors que le clan Lincoln était à la Maison-Blanche. Mary a également souffert d'une blessure à la tête suite à un accident de calèche, ce qui n'a rien fait pour arranger ses maux de tête. Parallèlement à ses épisodes de dépression, la mère de quatre enfants souffrait de sautes d’humeur imprévisibles et d'un tempérament violent. Elle avait même parfois des accès de colère en public qui contrastaient bien sûr avec le comportement attendu d'une première dame.

Des dépenses excentriques

Mary avait également la réputation de multiplier les dépenses à la Maison-Blanche, ayant transformé la résidence présidentielle en domaine royal en changeant toute la décoration. Ses dépenses excessives mettaient son mari en colère, et A. Lincoln l'avait donc prévenue qu'elle risquait de dilapider son salaire présidentiel avant même qu’il ne quitte son poste. La presse insistait également sur le style de vie extravagant adopté par Mary qui était loin de ravir la population.

Une perte dramatique

Mais c'est l’état d’esprit de Mary qui posait particulièrement problème. La situation s'est d'ailleurs encore dégradée un peu plus en 1862. Cette année-là, son troisième fils William, également son fils préféré, est décédé soudainement après avoir contracté la fièvre typhoïde. Mary est alors tombée en dépression et est restée alitée pendant plusieurs semaines. La première dame souffrait d'insomnies et de cauchemars, ce qui l'empêchait de prendre soin de son plus jeune fils, Tad. Le président a fini par solliciter l'aide d'une infirmière pour s’occuper d'elle.

40 jours alitée

Mary est naturellement retombée en dépression suite au décès d’Abraham. Elle n'a pas assisté à ses funérailles et a passé 40 jours au lit. La veuve a ensuite dû choisir sa prochaine destination, n'étant plus la première dame de la nation. Ne supportant pas l'idée de retourner à Springfield, elle et ses deux fils, Robert et Tad, ont donc déménagé à Chicago.

Une situation de plus en plus difficile

À Chicago, Mary a finalement commencé à faire le deuil de son mari, mais en privé, à tel point qu'elle vivait désormais comme une recluse. Elle a alors été frappée par une énième tragédie : son fils cadet, Tad, est décédé des suites de la tuberculose, d'une pneumonie et d’une insuffisance cardiaque congestive. Mary est donc devenue encore plus imprévisible, et sa dépression s’est également aggravée.

L'internement

Quatre ans plus tard, Robert, le fils aîné et seul fils survivant de Mary, a pris la décision de la faire interner dans un asile de l’Illinois. L’ancienne première dame s’est sentie tellement impuissante face à cette décision qu’elle s’est rendue dans plusieurs pharmacies, espérant obtenir suffisamment de médicaments pour mettre fin à ses jours. Heureusement, un employé de l’un de ces établissements a compris ce qui se passait et lui a donné un placebo afin de contrecarrer sa tentative de suicide.

De nombreuses théories

De nombreux psychologues et historiens ont tenté d'identifier la cause de son comportement étrange dans les années qui ont suivi son décès. Elle était après tout passée d'une jeune femme charmante et éloquente à une femme taciturne, déprimée et imprévisible. Les experts semblaient avoir beaucoup de théories pour expliquer le déclin de Mary, mais aucune ne semblait vraiment convenir à la situation.

Des personnalités multiples

Immédiatement après le décès de Mary, son médecin a par exemple noté la nature fractionnelle de sa personnalité, recommandant également aux autres de ne pas juger une personne atteinte d’une maladie cérébrale ou mentale. D'autres experts ont également attribué ses sautes d’humeur et ses dépenses folles à un trouble bipolaire.

Un nouveau diagnostic

En 2016, le Dr. John Sotos a présenté une hypothèse totalement différente afin d'expliquer le comportement de Mary, et ce après avoir consulté le dossier médical de l’ancienne première dame suite à son séjour de quatre mois dans un établissement psychiatrique. Selon J. Sotos, les données indiquaient une maladie bien précise : l'anémie pernicieuse.

Des symptômes révélateurs

Bon nombre des symptômes de Mary correspondaient à ceux d’une anémie pernicieuse, une maladie dégénérative, c'est-à-dire qui s’aggrave avec le temps. Et comme nous l’avons vu plus tôt, le comportement et la santé de Mary avaient bien dégénéré au fil des ans. Elle souffrait également d'innombrables effets secondaires pernicieux liés à l’anémie, comme des maux de tête, une grande pâleur et la sensation de picotements intenses dans le corps.

Des effets secondaires sérieux

L’anémie pernicieuse est également associée à des effets secondaires psychologiques. Mary était donc peut-être victime d'hallucinations et d'illusions qu’elle considérait comme bien réelles. Sans B12, la taille du cerveau diminue, donnant parfois lieu à une grande paranoïa. En vieillissant, l’ancienne première dame avait également perdu sa capacité à parler et à voir.

Une maladie inconnue

Malheureusement pour Mary, les médecins n'étaient pas familiers avec l’anémie pernicieuse à l'époque et étaient donc incapables d’expliquer son déclin mental et physique. Mary et les personnes qui souffraient de cette maladie étaient donc condamnées à mort, une situation qui n'a changé qu'au milieu des années 20.

Une découverte reconnue

En effet, en 1926, les médecins George Whipple, William Murphy et George Minot ont constaté que la consommation quotidienne d'une demi-livre de foie cru permettait de lutter contre l’anémie pernicieuse. Cette découverte leur a même permis de remporter le prix Nobel en 1934, malgré la nature douteuse de leur méthode de traitement.

De nouvelles perspectives

En 1948, les experts ont identifié la carence en vitamine B12 comme la cause de l’anémie pernicieuse et ont donc développé une injection pour remédier au problème, une avancée dont Mary n'a malheureusement pas pu profiter. C'est pour cette raison que J. Sotos souhaite faire savoir au monde qu'elle était peut-être atteinte de cette maladie dégénérative. En 2016, le médecin a confié à CNN qu’il espérait que sa théorie aide certains à voir l’ancienne première dame différemment, une femme qu'il a qualifié de "partenaire de l’une des figures les plus importantes de l’histoire du monde réputée difficile à comprendre".